Selon le Fonds Monétaire International (FMI), le taux de croissance du PIB de l’année 2020 de la Côte d’Ivoire resterait positif mais faible à +1,9% contre +6,1% en 2019. Des prévisions que certains observateurs qualifient d’inattendues dans la mesure où nombre de prévisionnistes, tenant compte les turbulences nées du scrutin présidentiel et les impacts de la pandémie de Coronavirus, tablaient sur une récession ou, tout au moins, une année sans croissance.



Sauf changement, la Côte d’Ivoire devrait donc faire mieux que les pays de la sous-région. A savoir que l’activité économique a reculé dans l’UEMOA au deuxième trimestre 2020 avec une baisse de 2% du PIB en glissement annuel, selon le bulletin trimestriel de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Cette régression provient des secteurs tertiaire et secondaire. Sur l’ensemble de l’année 2020, le PIB de la zone devrait enregistrer une faible croissance de 0,3% contre +6,1% en 2019. Toutefois, cette faible progression témoigne d’une résilience de la zone dans un contexte mondial morose.

Selon la Direction Générale de l’Economie, l’activité économique ivoirienne est caractérisée par un redressement au troisième trimestre, après le fléchissement enregistré au deuxième trimestre 2020 du fait de l’accentuation de la propagation de la Covid19. Cette reprise est en relation avec la levée progressive des mesures restrictives de lutte contre la propagation de la Covid-19, la mise en œuvre du Plan de Soutien Economique, Social et Humanitaire (PSESH), ainsi qu’à la poursuite du PND 2016-2020. 

La relance par le PSESH

En ce qui concerne le PSESH, outre les mesures fiscales et douanières prises pour atténuer l’impact de la Covid-19 sur l’activité économique, des fonds d’appui aux différents acteurs économiques et aux populations vulnérables ont été créés et ont commencé leurs opérations depuis la mi-mai 2020. Les secteurs d’activités ayant bénéficié de ces différents fonds d’appui sont l’hôtellerie, le tourisme, le transport, le commerce, l’industrie, l’artisanat, la restauration, la culture, les services et le BTP.

S’agissant du secteur agricole, il a également été impacté par la crise sanitaire qui a entrainé, entre autres, une baisse des cours mondiaux ainsi que des revenus des producteurs et des industriels, la désorganisation des circuits de commercialisation et l’indisponibilité des intrants. Pour faire face à cette situation, le gouvernement a mis en place un Programme d’Urgence de soutien aux filières Agricoles (PURGA) les plus impactées par la Covid-19. 


L’activité économique a aussi bénéficié de la poursuite de l’exécution des grands projets d’infrastructures publiques prévus dans le PND 2016-2020, qui a connu, toutefois, un ralentissement au premier semestre 2020. Ainsi, des hôpitaux généraux ont été réhabilités et plusieurs centres hospitaliers régionaux sont en construction. S’agissant des projets routiers, les bitumages des tronçons Danané-Frontière Guinée, BounaDoropo-Frontière Burkina et OdiennéGbéléban-Frontière Guinée ont été achevés. En outre les constructions du 4ème pont reliant les communes de Yopougon et du Plateau ainsi que du Pont de Cocody sont en cours, de même que le bitumage de plusieurs routes au niveau du district d’Abidjan. 

Poursuite des réformes

Les analystes estiment par ailleurs que l’économie ivoirienne tire une partie non négligeable de sa capacité de résilience de la poursuite des réformes menées par le gouvernement notamment le paiement électronique des impôts et de l’introduction d’un nouveau code des marchés publics, comme le souligne l’agence de notation Bloomfields Investment dans son dernier rapport. 

Cependant, en dépit de ses reformes, de la stabilité de la gestion des finances publiques et de la solidité du système financier enregistrées par la Côte d’Ivoire, l’agence de notation a révisé à la baisse la note du pays la faisant passer de 6,1 en 2019 à 5,7 en 2020 en raison principalement du risque accru de survenance de crise socio-politique et de l’impact négatif de la crise sanitaire sur l’économie.
 
Sur les huit premiers mois de l’année 2020, le guichet unique du Centre de Promotion des Investissements de Côte d’Ivoire a enregistré 9 850 entreprises créées contre 11 045 à fin septembre 2019, soit un repli de 12%. De même, le volume des investissements agréés par le CEPICI s’est situé à 465,72 milliards en progression de 35% par rapport à un an plutôt, témoignant de la confiance soutenue des investisseurs dans la dynamique de la Côte d’Ivoire.

Le secteur primaire en difficulté

Le secteur primaire, sur les neuf premiers mois de l’année, est caractérisé par une évolution mitigée des principales spéculations de l’agriculture industrielle et d’exportations. Au niveau de l’agriculture, la production serait globalement en hausse. La survenue de la crise sanitaire a affecté énormément le secteur agricole, en induisant, notamment, la baisse des cours mondiaux ainsi que des revenus des producteurs et industriels, des difficultés pour le maintien de la main d’œuvre dans les exploitations et les unités de transformations et la désorganisation des circuits de commercialisation. 

Le taux d’exécution du budget du PURGA reste encore faible pour permettre un véritable soulagement des acteurs. Par conséquent, le gouvernement, pour inverser la tendance, mise sur les actions en vue de booster l’exécution du PURGA au dernier trimestre 2020, à travers l’accélération de la mise à disposition du reliquat des contributions aussi bien de l’Etat que des partenaires financiers.

L’agriculture industrielle et d’exportation enregistre une hausse des productions de noix de cajou, de coton, de sucre et de banane dessert tandis que celles de café, de cacao et d’ananas baissent. La production de cacao, sur les neuf premiers mois de 2020, se replie de 7,3% pour se situer à 1 011 789 tonnes. 

Les autres secteurs s'en tirent mieux

Le secteur secondaire s’est mieux comporté même si la situation apparaît également mitigée avec une contraction de l’activité industrielle et une progression du BTP. L’Indice Harmonisé de la Production Industrielle (IHPI) a enregistré un recul de 2,7% à fin juillet 2020 après un repli de 1,7% à fin juin 2020. Le reflux de l’IHPI est imputable à la baisse de la production des « industries extractives » (-4,8%) et des « industries manufacturières » (-2,5%) atténuée par la hausse de celle des « industries environnementales » (+2,9%) et des « industries de production et de distribution d’électricité, de gaz et d’eau » (+4,0%).

A fin juillet 2020, l’indicateur avancé du BTP connaît une augmentation de 3,0% contre +4,0% à fin juin 2020. Le BTP bénéficie de la poursuite de l’exécution des grands projets d’infrastructures qui ont cependant connu un ralentissement en raison des restrictions liées à la crise sanitaire. Fin septembre 2020, les analystes soutenaient que l’orientation favorable des activités de BTP devrait se renforcer avec la normalisation de l’activité économique.

Enfin, si le secteur tertiaire continue d’être affecté par les conséquences négatives des mesures d’endiguement de la Covid-19, on remarquera que l’heure est à la redynamisation des activités. Au terme des neufs premiers mois de l’année 2020, le secteur du transport est celui qui a subi de plein fouet les effets de la crise sanitaire en relation avec les mesures de restriction de déplacements adoptées par de nombreux gouvernements.

La branche des télécommunications a pour sa part connu une belle dynamique caractérisée par un accroissement du volume de communication et du chiffre d’affaires, en glissement annuel. Le chiffre d’affaires global des télécommunications s’accroit de 7,0%, tirant profit de la bonne tenue de l’internet mobile et de la téléphonie mobile favorisée par une plus forte utilisation des services due notamment aux mesures de distanciation sociale prises par le Gouvernement.