A l’occasion d’une rencontre avec la presse portant sur le bilan de la mise en œuvre de la Télévision numérique terrestre (TNT), le lundi 08 février 2021 à Abidjan, le ministre de la Communication et des Médias, Sidi Tiémoko Touré, s’est dit satisfait du taux de couverture du territoire actuellement de 72% et du démarrage de l’extinction du signal analogique.

« Le bilan de la mise en œuvre de la stratégie nationale de migration vers la TNT est satisfaisant. La première extinction de signal analogique au profit du signal numérique a commencé, le samedi 30 janvier 2021, dans la Région du Poro, à Korhogo, mettant ainsi fin à la diffusion de la télévision ancienne dans cette zone de couverture. A ce jour, 72% du territoire est couvert par la TNT », a indiqué Sidi Tiémoko Touré.


Selon toujours Sidi Tiémoko Touré, le gouvernement qui a investi plus de 25 milliards de FCFA dans le processus de migration vers la TNT, « est mobilisé pour mettre fin à la télévision analogique au cours de cette année 2021, région par région. »

Les autorités estiment que pour le citoyen, une pluralité d’offres télévisuelles favorise l’organisation de la vie autour du petit écran, notamment à travers les services annexes comme Internet, téléphone, Vidéo à la demande (VOD) et autres services à valeur ajoutée.

Les équipements de réception de la TNT sont constitués d’une antenne UHF (prix d’achat stabilisé à 6 000 FCFA) et d’un décodeur (coût plafonné à 10 000 FCFA). La TNT donne actuellement accès aux chaînes RTI1, RT2, RT3, NCI, Life TV et A+Ivoire. 7Infos lancera son programme prochainement.  

Une opportunité de ressources importantes

A l’instar des autres pays africains, la Côte d’Ivoire continue de travailler au passage à la télévision numérique terrestre. Si la plupart des projets de migration avaient été ralentis par la pandémie de Covid-19 sur le continent, les autorités ivoiriennes soutiennent pour leur part que le pays a pu avancer.

 « Pour l’Etat, le passage à la TNT permet d’optimiser la gestion de la ressource spatiale, c’est-à-dire réduire le volume de la bande passante dédiée à la télévision. Cette réduction permet de faire de la place pour d’autres services universels que sont l’Internet et le téléphone. Cet espace dégagé, appelé dividende numérique, est une opportunité de ressources importantes pour l’Etat », soutient-on.


Le ministère de tutelle rappelle en outre qu’un entrepreneur de télévision n’a plus besoin de faire un investissement sur toute la chaîne de valeur, allant de l’édition à la diffusion. Désormais, une plateforme unique assure la diffusion des programmes de tous les opérateurs, tant pour le service public que pour des chaînes privées, réduisant ainsi les coûts de création d’une chaîne de télévision de plus de la moitié.

La première extinction de signal analogique a eu lieu à Korhogo. Le pays sera comptabilisé parmi les nations ayant effectivement migré vers la TNT dès qu’il aura atteint un taux de couverture de 80%. Ce qui ne devrait pas tarder.

Les émetteurs en marche

C’est à la fin du mois de janvier 2020 que les autorités ont mis en marche l’émetteur TNT de Korhogo, censé fournir le signal à la majorité de la population située au nord du pays. Le lancement a été effectué par le ministre de la Communication et des Médias en Côte d'Ivoire, un mois après la mise en service de l’émetteur de Bouaké.

Selon l’agence Ecofin, grâce à l’émetteur de Korhogo, la population de la région pourra accéder aux 7 chaînes de télévision et aux deux bouquets payants accessibles sur la plateforme ivoirienne de télévision numérique.

« Alors que de nombreux pays ont vu leur passage à la TNT ralenti, voire arrêté, par la pandémie, la Côte d’Ivoire fait partie des pays africains ayant réussi à respecter le planning fixé avant la Covid-19. Les signaux analogiques seront arrêtés dans plusieurs villes à partir du 1er janvier », a-t-on précisé.

La pandémie n’a donc pas perturbé le calendrier de passage à la radiodiffusion numérique. Annonce a été faite que l’extinction du signal analogique, dans les villes recevant déjà les programmes de la TNT, se poursuit. Les localités d’Abidjan, de Bouaké, de Man, de Bouaflé, de Korhogo et de Koun-Fao, déjà couvertes, viennent d’abandonner la diffusion analogique. Les autres localités du pays commenceront à arrêter le signal analogique le 31 mars 2021.

Six des sept chaînes de télévision retenues sur la plateforme ivoirienne de la TNT diffusent déjà leurs programmes. Un peu plus de 5 années après le premier délai fixé par l’UIT, la Côte d’Ivoire devrait achever sa migration en juin 2021.

Audience en baisse

Toutefois, les chaînes privées de la TNT ivoirienne ont vu leurs parts d’audience baisser ces derniers mois, selon Médiamétrie. Mais cette tendance à la baisse n’a rien d’alarmant, selon un observateur du secteur, sachant que l’audience perdue se retrouve au niveau des chaînes internationales, à cause notamment des promotions de fin d’année des opérateurs.

En Côte d’Ivoire, l’audience des chaînes privées de la TNT a surtout ralenti en octobre et en novembre. En effet, selon les audiences mesurées par Médiamétrie, ces chaînes affichent, d'après des mesures effectuées du 17 octobre au 7 novembre, 8,6% de parts d’audience. C’est un recul comparé aux 15,7% affichés en septembre.

L’agence Ecofin confirme que les chaînes privées de la TNT voient leur audience se diriger vers les chaînes internationales qui affichent 75,8% de parts d’audience. En fin d’année, les chaînes internationales affichent souvent des pics d’audience dans les pays africains à cause des différentes promotions initiées par les opérateurs de télévision payante pour Noël et le Nouvel An.  Du côté des chaînes publiques, les parts d’audience sont plutôt stables à 15,6% pour octobre et novembre, contre 15,8% en septembre.

L’Afrique en retard

En acceptant en 2006 de basculer à la Télévision Numérique Terrestre en 2015, les pays d’Afrique devaient  contribuer à libérer de nouvelles fréquences indispensables au développement des télécoms sur le continent. Mais l’opération a été un échec. 

Alors, un nouveau deadline, expiré en juin 2020, a été fixée par l’Union Internationale des Télécommunications. Le dossier continue ainsi à piétiner. La situation se renouvelle, cette fois dans un contexte de transition technologique mondiale, et menace de faire perdre un temps précieux dans sa transformation numérique.

Outre le gain en termes de qualité des images, de nombre de chaînes, de couverture géographique et de tarifs plus attractifs, l’adoption de la TNT par l’Afrique doit pourtant libérer certaines fréquences afin de satisfaire des services supplémentaires de télécommunications, notamment la fourniture de services sans fil à large bande, en particulier dans les zones rurales, des applications machine-à-machine à courte portée et des liaisons de données à haut débit.




L’UIT avait prévu, une fois la TNT opérationnelle, d’allouer la sous bande UHF 790-862 Mhz au service mobile et même de l’étendre à la bande 694-862 Mhz. Aujourd’hui, seule une dizaine de pays d’Afrique a déjà lancé la TNT selon la société d’analyse Dataxis. Ce retard, qui a entravé les réelles performances de l’Afrique subsaharienne, a eu comme conséquences que la 3G sera toujours la principale technologie mobile utilisée en Afrique subsaharienne d’ici 2025