Les consultations au titre de l’article IV des statuts du Fonds Monétaire International (FMI) ont été lancées. Pour la partie ivoirienne dont la délégation est conduite par le ministre de l’Economie et des Finances, Adama Coulibaly, « le gouvernement est favorable à des discussions franches et ouvertes sur les termes d’une nouvelle collaboration avec le FMI ».
L’équipe du Fonds Monétaire International missionnée dans le cadre du lancement des consultations a participé à la vidéoconférence de ce mardi 25 mai. A Abidjan, les participants se sont retrouvés à la salle de conférence du 20ème étage de l’immeuble Sciam-Plateau. Les travaux ne prendront fin que le 10 juin prochain.
Dans son intervention, le ministre Coulibaly a indiqué que cette revue s’inscrit dans le cadre des missions de surveillance multilatérale du FMI, en tant que garant de la stabilité du système monétaire international. « Cet exercice consistera à passer en revue la situation de l’économie ivoirienne, et de discuter des orientations de politiques économiques susceptibles de préserver la solidité du cadre macroéconomique, de consolider les perspectives économiques, et soutenir la croissance à moyen et long terme », a fait savoir le membre du gouvernement tout en précisant que la présente revue prévue en 2020 n’a pu se tenir en raison de la pandémie de la Covid-19.
En outre, la partie ivoirienne a salué le rôle majeur du FMI dans la lutte contre la pandémie à covid-19 en Côte d’Ivoire. Les interventions du Fonds, s’est-on réjoui, ont facilité la mobilisation de l’aide des partenaires techniques et financiers, et le financement du Plan de Soutien Economique Social et Humanitaire (PSESH), d’un budget de 1 700 milliards de FCFA, soit 2,7 milliards USD, initié pour réduire les effets socioéconomiques de la pandémie.
Grâce à ces efforts, le pays a été l’un des rares à ne pas rentrer en récession en 2020 avec une croissance économique qui devrait s’établir à 1,8% selon nos récentes estimations, confirmant ainsi la résilience de l’économie ivoirienne. Pour 2021 et à moyen terme, les perspectives s’annoncent satisfaisantes.
Le PND veut un soutien fort
Rappel a été fait que le gouvernement a élaboré un plan de riposte sanitaire dès le mois de mars 2020, qui a permis de limiter l’incidence de la pandémie. Dans le cadre de l’initiative Covax, le pays a bénéficié de 504 000 doses de vaccins Astra-Zeneca pour renforcer la lutte contre la Covid-19. La vaccination se poursuit avec 485 000 doses injectées à ce jour. La livraison prochaine de 1 million de doses supplémentaires au titre de l’initiative Covax, et l’achat par le gouvernement ivoirien de doses additionnelles d’autres types de vaccins grâce notamment à l’appui du Groupe de la Banque Mondiale viendront compléter les efforts en cours.
Par ailleurs, au regard des enjeux et des défis qui restent à relever ainsi que des contraintes liées à la réalisation du futur Plan National de Développement (PND 2021-2025), il a été relevé que le gouvernement est favorable à des discussions transparentes et objectives sur les termes d’une nouvelle collaboration avec le FMI, lors de ces consultations. Rappelons qu’en 2016 et 2018, cette même revue du FMI a eu lieu en Côte d’Ivoire.
Rappelons que fin avril dernier, la Directrice Générale du FMI, Kristalina Georgieva, lors d’une visioconférence avec le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, a déjà en quelque sorte officialisé l’engagement de son institution à soutenir la mise en œuvre du Plan National de Développement. Elle a également indiqué que le FMI est disposé à soutenir les actions sociales entreprises par la Côte d’Ivoire au profit des populations.
La patronne du Fonds a en outre félicité le gouvernement ivoirien pour ses remarquables performances économiques de ces dernières années et salué sa bonne gestion de la pandémie à Coronavirus qui a évité au pays une récession économique. Pour sa part, Patrick Achi a rappelé les grandes priorités de l’action gouvernementale pour la traduction en actes de la Vision 2030 du Président Alassane Ouattara "Côte d’Ivoire Solidaire".
Ce sont, entre autres, le renforcement de la paix, de la sécurité et de la cohésion sociale ; l’augmentation de la création de richesses et d’emplois ; l’accélération du développement du capital humain ; l’amélioration de l’efficacité de l’action publique et la solidarité, de même que la réduction constante de la pauvreté.
Pour une meilleure représentativité de l’Afrique
Au plan continental, la position de la Côte d’Ivoire est claire : l’Afrique doit être mieux intégrée au sein de l’institution. Lors d'une conversation virtuelle avec la directrice générale du FMI, à l'occasion des 60 ans du département africain qu’il a lui-même dirigé de 1984 à 1988, c’est le président Alassane Ouattara qui a appelé le FMI à une meilleure représentativité des pays africains au sein de l'institution ainsi qu'à plus de flexibilité concernant leur déficit budgétaire. Un appel réitéré quelques jours plus tard. Le président ivoirien a fait remarquer qu'en 1945, à la création des institutions de Bretton Woods, l'Egypte, l'Ethiopie et l'Afrique du sud étaient les premiers pays africains à en être devenus membres. Il a fallu attendre les années 90 pour que tous les pays africains y soient représentés.
Et 46 pays d'Afrique sub-saharienne ne sont toujours représentés que par deux chaises au conseil d'administration du FMI avec un pouvoir de vote 7,09%. Ce constat montre que beaucoup de chemin reste encore à faire pour améliorer la représentativité du continent africain au Fonds. Selon « ADO », la révision des quotas doit être un point important à l'ordre du jour pour les pays africains.
Le président ivoirien, qui s’est aussi entretenu dernièrement à Paris avec dernièrement Kristalina Georgieva, a par ailleurs souligné la nécessité de faire preuve de flexibilité en matière de déficit budgétaire "sans pour autant remettre en cause la soutenabilité de la dette publique et la solidité du cadre macro-économique qui est la priorité des priorités". Pour mémoire, Alassane Ouattara a été économiste au Fonds de 1968 à 1973 avant de diriger le département Afrique, puis de devenir conseiller du directeur général à partir de 1987. Il a aussi été directeur adjoint de juillet 1994 à juillet 1999.
Quelques décimales de plus sur le déficit budgétaire rapporté au PIB permettrait à beaucoup de pays de mieux affronter la pandémie, de financer les dépenses urgentes de lutte contre le terrorisme et de bâtir à moyen terme des bases solides de paix pour leur développement.