Une mission de la Banque africaine de développement conduite par Beth Dunford, vice-présidente chargée de l’Agriculture et du Développement humain et social, s’est rendue jeudi 16 septembre à Yamoussoukro afin d’évaluer les avancées du Projet de pôle agro-industriel dans la région du Bélier (2PAI-Bélier), lancé en 2017.
La mission, qui comprenait Marie-Laure Akin Olugbade, directrice générale pour l'Afrique de l'Ouest et les directeurs de la Banque pour l'Agriculture et l'agro-industrie ainsi que pour le Financement de l'agriculture et le Développement rural, respectivement Martin Fregene et Atsuko Toda, a été reçue par Adjoumani Kobenan, ministre d’État ivoirien de l'Agriculture et du Développement rural. Étaient également présents Kaba Nialé, ministre du Plan et du Développement et gouverneure de la Banque africaine de développement pour la Côte d'Ivoire, ainsi que le ministre gouverneur du district de Yamoussoukro, Augustin Thiam.
Le projet, financé à 80% par la Banque africaine de développement à hauteur de 121 millions de dollars, constitue le tout premier agropole de la Côte d’Ivoire. Son objectif est de relancer le secteur agricole pour atteindre l’autosuffisance alimentaire dans une région en déclin économique depuis 30 ans, malgré ses grandes potentialités. Trois ans après sa mise en œuvre, le projet affiche un taux de réalisation de 44%, selon sa coordonnatrice, Valérie Acka.
Le projet 2PAI-Bélier, qui doit s’achever en décembre 2022, enregistre des résultats satisfaisants. Les travaux sont notamment achevés pour un linéaire de 542 kilomètres de pistes (sur un objectif de 700 kilomètres). Les périmètres rizicoles (97% de 1 081 hectares) et maraîchers (100% des 105 hectares) sont aménagés et réceptionnés. Les travaux de réparation de cent pompes à motricité humaine sont achevés ainsi que la réalisation de cinquante forages et la construction de trente latrines. Ces infrastructures hydrauliques desservent plus de 180 villages pour une population de près de 628 000 personnes, dont 310 000 femmes environ.
« Les activités agricoles évoluent bien. Nous travaillons à dynamiser les filières porteuses de riz, maïs, manioc, légumes, élevage porcin et pisciculture, a expliqué Mme Acka. La zone industrielle prend forme avec l’installation d’industries agroalimentaires et non-alimentaires qui assurent la transformation d’aliments de bétail, de noix de cajou et de riz. À terme, 120 petites et moyennes entreprises doivent s’y installer. » Après un briefing multimédia sur le Bélier, M. Dunford a déclaré que les succès du projet pourraient être reproduits dans d'autres régions de la Côte d'Ivoire et au-delà. « La présentation du projet nous a donné une très bonne idée de ce qui s'est passé et, surtout, de ce qui doit encore être fait », a déclaré Dunford.
Pour Mme Kaba Nialé, les avancées du projet pilote sont intéressantes, au regard de l’amélioration des revenus et des conditions de vie des populations cibles du projet. Toutefois, « il est important que nous puissions apprendre des difficultés rencontrées sur ce projet pour ne pas avoir à les rencontrer ultérieurement sur d’autres projets de ce type. Ce projet doit servir de véritable modèle pour les autres », a-t-elle soutenu. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Adjoumani Kobenan a salué « l’engagement de la Banque africaine de développement à soutenir le monde rural » et souhaité de la diligence dans le traitement des difficultés qui se posent « pour travailler plus efficacement ».
La visite des délégations s’est poursuivie à l’aménagement agricole de Subiakro et à la zone industrielle du projet, notamment à Southland Global agriculture. Cette entreprise, installée depuis 2019, est spécialisée dans la transformation de l’anacarde. Elle emploie 1 300 personnes, dont 60% de femmes. Avec une transformation annuelle de 24 000 tonnes, exportée vers le marché local, américain et européen, l’entreprise vise désormais une transformation de 45 000 tonnes.