Le cabinet de Rémi Bah dit Docteur Roucou, situé aux Deux-Plateaux (Carrefour Mobil), ne désemplit pas. Ici, les patients affluent, les papilles émoustillées par les arômes et les parfums. Le diagnostic est vite posé : petites ou grandes faims. Et la prescription rapide : le « garba thérapeutique ». Ce remède, telle une panacée, guérit les palais des amoureux de ce célèbre mets ivoirien, revisité à sa façon.
D’un plat d’attiéké et de poisson thon, Docteur Roucou, choisi cette semaine par le gouvernement pour être son « cotoyen à l’honneur, fait naître des chefs d’œuvre culinaires. De ses assiettes colorées et dressées avec esthétique, sortent des formes : carte de la Côte d’Ivoire, cœur, chiffres… où on y lit, parfois, des vœux et des prénoms. A Abidjan, ils sont de plus en plus nombreux à délaisser les gâteaux d’anniversaire classiques pour « un garba d’anniversaire ».
Dans sa blouse blanche, Dr Roucou manie sa petite machine à broyer les ingrédients choisis avec soin et concocte une sauce d’accompagnement particulière qui séduit sa clientèle. Il est à la tâche, de l’aube à la tombée de la nuit, pour donner au garba-ivoire une touche plus moderne et plus appétissante. Chaleureux, ceux qui le consultent repartent enivrés de la saveur de sa recette secrète et contaminés par sa bonne humeur.
Onze ans que l’activité dure et toujours avec la même passion. Le quadragénaire se réjouit d’avoir trouvé sa voie, après avoir longtemps multiplié les petits boulots. Il emploie aujourd’hui sept jeunes. « Mon restaurant est un bus qui ne roule jamais vide », dit-il, satisfait.
Il se fait aujourd’hui le promoteur et l’ambassadeur de l’un des mets les plus prisés des Ivoiriens et qui a conquis la sous-région. A ses temps libres, Rémy Bah aime mitonner de savoureux plats pour sa famille, en fredonnant des paroles de Rumba congolaise. Celui qui est aussi présenté comme un gastro-praticien n’a pas encore livré tous ses secrets.