Ces dernières années, le paysage la distribution a connu des changements notables en Côte d’Ivoire. La croissance des revenus et l’émergence d’une classe moyenne ont été des arguments qui ont conduit les entreprises du secteur à investir davantage et initier des changements, à l’image du leader du marché, la Société de promotion de supermarchés (Prosuma).

Le groupe contrôlé par les familles Kassam et Fakhry se trouve en pôle position dans le secteur de la distribution avec des enseignes qui couvrent plus de la moitié du pays. Il est devant Carrefour, Auchan et la Compagnie de distribution de la Côte d’Ivoire (CDCI). Et force est de constater que la concurrence accrue entre ces enseignes a accéléré la mutation du secteur aussi bien sur le plan infrastructurel et organisationnel que dans des domaines comme le marketing. 

Mais si ces acteurs multiplient les formats de distribution moderne comme les supermarchés et hypermarchés ainsi que les ouvertures de nouveaux magasins, les petites structures appelées communément les épiceries ou les boutiques restent très nombreuses. En zones rurales comme dans les villes, ces points de vente traditionnels occupent encore une place de choix. 

Selon le dernier rapport publié par le Département américain de l’agriculture (USDA), ces “petits acteurs” ont compté pour 63 % des ventes au détail estimées à 6,6 milliards $ en 2023 contre 35 % pour la distribution moderne. 

Cette domination des circuits traditionnels est visible en Côte d’Ivoire mais aussi dans les autres pays de la région où les épiceries détail jouent un rôle majeur dans l’approvisionnement des populations, notamment grâce à un maillage territorial plus important, mais aussi grâce à plusieurs autres facilités. “Les petites épiceries sont résilientes en Côte d’Ivoire à la pénétration des formats de distribution moderne”, a-t-on constaté. 

Mais si l’on pense souvent que les produits vendus dans les petites échoppes sont plus accessibles que ceux dans les grandes surfaces, la réalité est un peu plus nuancée. Profitant de capacités financières élevées, les groupes de distribution peuvent procéder à des importations de produits de grande consommation et donc bénéficier d’économies d’échelle qui se répercutent sur les prix de vente au détail.

On remarque en outre que les grands groupes internationaux préfèrent externaliser la phase de lancement d’un ou plusieurs magasins à des partenaires locaux ayant l’expérience du marché cible, pour limiter le risque financier lié à une nouvelle implantation, tout en testant le succès de la commercialisation de leurs produits. On voit également que les changements opérés dans la distribution poussent différentes filières (production agricole, transformation, logistique…) à se professionnaliser davantage pour mieux s’arrimer aux exigences des distributeurs.