Porté par la croissance continue du fret conteneurisé en Afrique de l’Ouest, le port d’Abidjan accélère la mise en œuvre de son programme de modernisation. C'est dans ce cadre que Côte d’Ivoire Terminal, en charge de l’exploitation du deuxième terminal à conteneurs, a réceptionné dernièrement deux nouveaux portiques de quai (STS) et neuf portiques de parc (RTG), entièrement électriques.
Selon les explications fournies par l'entreprise de gestion portuaire, ces équipements viennent renforcer un parc déjà conséquent, désormais porté à huit portiques de quai (contre six auparavant) et vingt-sept portiques de parc (contre dix-huit). Cette montée en puissance répond à une double exigence : accueillir des navires de nouvelle génération, capables de transporter jusqu’à 24 000 conteneurs, et absorber une croissance soutenue des flux. La dynamique commerciale de la Côte d’Ivoire, mais aussi la dépendance des pays voisins enclavés – tels que le Mali et le Burkina Faso – à cette plateforme régionale, accentuent la pression sur les infrastructures portuaires.
Les investissements réalisés depuis l’inauguration du terminal 2 portent déjà leurs fruits. Les flux conteneurisés ont presque doublé en deux ans, passant de 840 926 EVP (équivalents vingt pieds) en 2022 à 1,6 million d’EVP en 2024. Cette hausse s’est répercutée sur le trafic global du port d’Abidjan, qui a atteint 40 millions de tonnes en 2024, contre 34,7 millions en 2023. Une performance qui confirme le rôle stratégique du port ivoirien comme hub maritime incontournable de la région. Pour Côte d’Ivoire Terminal, l’acquisition des nouveaux portiques s’inscrit dans une logique de continuité : « Ces équipements permettront de fluidifier davantage les opérations, de réduire les temps d’escale et d’améliorer la compétitivité du port face à la concurrence régionale », souligne la direction.
En effet, la bataille fait rage entre les grands ports de la façade atlantique d’Afrique de l’Ouest. Lomé, Tema ou encore Cotonou multiplient également les investissements pour capter une part croissante du trafic international. Dans ce contexte, Abidjan joue la carte de la modernisation technologique et de la transition énergétique, avec des équipements 100% électriques, plus respectueux de l’environnement. Le terminal 2, implanté sur une superficie de 37,5 hectares et doté d’un linéaire de quai de 1 100 mètres, affiche aujourd’hui une capacité nominale annuelle de 1,5 million d’EVP. Derrière cette performance se trouve un consortium international réunissant Africa Global Logistics (ex-Bolloré Africa Logistics), qui détient 51% du capital, et APM Terminals, filiale du géant danois Maersk, qui contrôle les 49% restants.
Au-delà des aspects techniques, l’enjeu est majeur pour l’économie nationale. Le port d’Abidjan concentre près de 90% des échanges extérieurs de la Côte d’Ivoire et constitue un corridor vital pour les pays de l’hinterland. Sa compétitivité conditionne directement la fluidité des importations de produits de première nécessité et l’exportation des matières premières, dont le cacao, pierre angulaire de l’économie ivoirienne. En renforçant ses capacités de manutention, Abidjan espère consolider sa place de leader régional et attirer davantage les grandes compagnies maritimes, dans un contexte où la taille des navires et l’exigence de rapidité dictent les choix des armateurs.