La Côte d’Ivoire figure parmi les grands producteurs mondiaux aux côtés du Nigeria, du Mali et du Burkina Faso. La campagne 2025/2026, qui vient de s’ouvrir officiellement  marque une nouvelle étape dans les ambitions du pays pour renforcer la valeur ajoutée locale et mieux positionner la filière sur le marché international.


La Côte d’Ivoire figure parmi les grands producteurs mondiaux aux côtés du Nigeria, du Mali et du Burkina Faso. La campagne 2025/2026, qui vient de s’ouvrir officiellement  marque une nouvelle étape dans les ambitions du pays pour renforcer la valeur ajoutée locale et mieux positionner la filière sur le marché international.


L’annonce a été faite le 13 août à Yamoussoukro par Kobénan Kouassi Adjoumani, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières. Le membre du gouvernement a fixé le prix minimum bord champ à 250 F CFA/kg (0,44 dollar) pour les amandes de karité bien séchées et triées. Ce prix plancher vise à sécuriser les revenus des producteurs, dans un contexte où les prévisions de récolte n’ont pas encore été communiquées. Toutefois, plusieurs indicateurs laissent espérer une amélioration de l’offre cette saison.


Au-delà de la fixation du prix, cette nouvelle campagne s’inscrit dans une stratégie plus globale de transformation locale. Depuis le 9 janvier 2025, le gouvernement a en effet suspendu les exportations de noix de karité brutes afin de garantir un meilleur approvisionnement des unités de transformation installées dans le pays. Une décision qui s’explique par la volonté d’augmenter la part de production transformée localement, encore limitée à 32 % selon les données officielles.


La Côte d’Ivoire, présentée comme pays phare de la « ceinture du karité »,  produit en moyenne 250 000 tonnes de noix de karité par an, mais certains experts estiment que le potentiel réel pourrait s’élever à près de 400 000 tonnes. Dans ce contexte, la transformation représente un levier stratégique non seulement pour créer de la valeur ajoutée, mais aussi pour générer davantage d’emplois et stimuler l’économie locale. Pour mieux structurer la filière, le gouvernement a confié en avril dernier la régulation du secteur au Conseil du coton et de l’anacarde, déjà expérimenté dans la gestion de cultures de rente. L’objectif est de renforcer l’organisation de la chaîne de valeur, d’améliorer la transparence dans la commercialisation et d’accompagner les investissements industriels.


Le pari de la transformation locale prend tout son sens face à la dynamique du marché mondial. Le beurre de karité, principal produit issu des amandes, connaît un essor notable, porté par la demande croissante dans les industries cosmétique et agroalimentaire. Selon une étude du cabinet Grand View Research, la taille du marché mondial était estimée à 2,41 milliards de dollars en 2024 et devrait croître en moyenne de 7,9 % par an pour atteindre 3,74 milliards de dollars d’ici 2030.


Cette tendance constitue une opportunité majeure pour la Côte d’Ivoire, qui cherche à se positionner comme un acteur incontournable au-delà de la simple exportation de matières premières. « La transformation locale du karité est une chance unique pour renforcer notre souveraineté économique et créer davantage de richesses dans les zones rurales », a souligné le ministre Adjoumani. Et ce dernier d'ajouter que le pays ambitionne de faire du karité une véritable filière d’exportation de produits finis, à l’image du cacao et de l’anacarde. Mais les défis restent importants, notamment en matière d’investissements industriels, de formation et d’organisation des producteurs. Mais les perspectives sont encourageantes : avec un marché international en forte expansion, la transformation du karité pourrait devenir l’un des piliers de la compétitivité agricole ivoirienne dans les prochaines années.