En Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, le prix bord champ du kilogramme de fèves sera porté à 2 500 francs CFA (4,46 dollars) pour la campagne principale 2025/2026. L’annonce, rapportée par l’agence Reuters le 29 septembre, provient de sources internes au Conseil Café-Cacao (CCC). Le lancement officiel de la campagne est prévu pour le 1er octobre prochain.


En Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, le prix bord champ du kilogramme de fèves sera porté à 2 500 francs CFA (4,46 dollars) pour la campagne principale 2025/2026. L’annonce, rapportée par l’agence Reuters le 29 septembre, provient de sources internes au Conseil Café-Cacao (CCC). Le lancement officiel de la campagne est prévu pour le 1er octobre prochain.


Ce nouveau tarif, qualifié de record historique pour la filière cacao ivoirienne, constitue une revalorisation significative par rapport aux saisons précédentes. Il représente une hausse de 39 % par rapport au prix de la récolte principale 2024/2025 (1 800 francs CFA) et de 14 % par rapport à celui de la petite traite récemment écoulée (2 200 francs CFA). Une telle progression vise non seulement à soutenir les revenus des producteurs, mais également à stimuler la livraison de la production vers les circuits officiels.


Derrière cette hausse, se cache une réalité plus préoccupante : les perspectives de récolte pour 2025/2026 s’annoncent moroses. Plusieurs observateurs redoutent une troisième année consécutive de baisse de la production de cacao ivoirienne. Parmi les causes, les aléas climatiques, marqués par une pluviométrie irrégulière, et la propagation de la maladie virale du swollen shoot (CSSVD), qui réduit fortement les rendements et menace de vastes superficies de cacaoyers. Cette situation fragilise les petits producteurs, déjà confrontés à la volatilité des prix mondiaux et à l’augmentation des coûts de production. La revalorisation du prix bord champ apparaît donc comme un levier pour maintenir leur motivation et éviter un abandon progressif des plantations.


Toutefois, cette revalorisation pourrait avoir un effet pervers : encourager la contrebande vers le Ghana voisin. Dans ce pays, le prix de la tonne de cacao a récemment été fixé à 5 000 dollars, soit environ 5 dollars par kilogramme, en hausse de 12 %. Cet écart, malgré l’amélioration du tarif ivoirien, reste suffisamment attractif pour inciter certains producteurs frontaliers à écouler clandestinement leur récolte. Le phénomène n’est pas nouveau. En avril dernier, le CCC avait déjà alerté sur des flux hebdomadaires illégaux estimés à plus de 100 tonnes de cacao, de café et d’anacarde transitant vers les pays voisins, rien que par la région montagneuse de l’ouest ivoirien. Cette fuite de production fragilise les recettes fiscales et menace la traçabilité des fèves, enjeu crucial pour la filière à l’heure où les marchés internationaux exigent davantage de transparence et de durabilité.