La Société ivoirienne de raffinage (SIR) a obtenu de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) un financement de 60 milliards de francs CFA (soit environ 105,6 millions de dollars) pour la construction d’un complexe d’hydrodésulfuration (HDS) du gasoil, un projet stratégique qui vise à réduire considérablement la teneur en soufre du carburant produit localement.
D’un coût total de 545 milliards FCFA, le projet de la SIR s’inscrit dans le cadre de la mise en conformité avec la directive de la CEDEAO, entrée en vigueur en septembre 2020. Cette réglementation fixe la limite de la teneur en soufre des carburants à moins de 10 parties par million (ppm), contre parfois plus de 2000 ppm actuellement dans le gasoil ivoirien. Le respect de cette norme, dite AFRI 6, place la Côte d’Ivoire sur la voie des standards internationaux, notamment européens, en matière de qualité des carburants et de protection de l’environnement.
L’installation du complexe HDS se fera sur le site de la raffinerie de Vridi, à Abidjan, principal pôle énergétique du pays. À terme, la SIR pourra produire un gasoil nettement plus propre, réduisant jusqu’à 75 % les émissions de dioxyde de soufre (SO₂). Ces gaz, issus de la combustion du carburant, sont l’une des principales causes de la pollution atmosphérique et des maladies respiratoires dans les zones urbaines.
Une infrastructure de pointe
Le futur complexe d’hydrodésulfuration comprendra plusieurs unités spécialisées : une unité d’hydrodésulfuration des distillats (DHT), une unité de production d’hydrogène (HPU) et une unité de récupération de soufre (SRU). L’ensemble fonctionnera grâce à la technologie Unionfining, développée par le groupe américain Honeywell UOP LLC, reconnu mondialement pour ses procédés avancés de raffinage. Cette technologie permettra non seulement de traiter le gasoil pour en réduire la teneur en soufre, mais aussi d’améliorer le rendement global de la raffinerie. Elle contribuera ainsi à accroître la compétitivité de la SIR sur les marchés régionaux et internationaux, tout en soutenant les objectifs de transition énergétique de la Côte d’Ivoire.
Rappelons que c'est le Premier ministre Robert Beugré Mambé qui a procédé le 2 octobre 2025 à la pose de la première pierre du complexe, marquant le début effectif des travaux. La mise en service est prévue pour 2029, après quatre années de construction et de tests techniques. Pour la BOAD, ce projet s’inscrit pleinement dans le cadre de sa stratégie “Djoliba 2021-2025”, qui vise à accompagner les États membres de l’UEMOA dans le développement durable, la résilience climatique et la transformation énergétique. « Ce projet permettra à la SIR de renforcer sa compétitivité tout en contribuant à la protection de l’environnement et à la santé publique », a souligné l’institution basée à Lomé. En effet, la réduction de la teneur en soufre dans le gasoil aura des effets directs sur la qualité de l’air et sur la santé des populations urbaines, particulièrement exposées à la pollution automobile. Les bénéfices environnementaux devraient aussi se traduire par une diminution des pluies acides et une meilleure durabilité des infrastructures.
4,3 millions de tonnes de brut par an
Créée en 1962, la Société ivoirienne de raffinage est l’un des fleurons industriels de la Côte d’Ivoire et la principale raffinerie d’Afrique francophone. Elle traite plus de 4,3 millions de tonnes de brut par an, dont une partie est exportée vers les pays voisins de la sous-région. Avec ce nouveau complexe, la SIR consolidera sa position de hub énergétique pour l’Afrique de l’Ouest, capable de fournir des produits pétroliers de meilleure qualité tout en répondant aux exigences environnementales de la CEDEAO.
Le projet devrait également générer des retombées économiques importantes : création d’emplois directs et indirects pendant la phase de construction, transfert de compétences techniques et dynamisation du tissu industriel local. De plus, l’amélioration de la qualité du gasoil produit localement réduira la dépendance du pays aux importations de carburants conformes aux normes internationales, ce qui aura un impact positif sur la balance commerciale ivoirienne. En soutenant la SIR, la BOAD affirme jouer son rôle moteur dans la transition énergétique régionale. Ce financement contribue à aligner le secteur pétrolier ivoirien sur les engagements climatiques pris par les États africains dans le cadre de l’Accord de Paris.
Pour la Côte d’Ivoire, il s’agit aussi d’une étape stratégique vers une économie plus propre, où la performance industrielle rime avec responsabilité environnementale. "Avec la construction du complexe HDS de Vridi, le pays envoie un signal fort : l’Afrique de l’Ouest est prête à produire un carburant plus propre, plus compétitif et plus respectueux de la planète. Ce projet symbolise la convergence entre développement économique, souveraineté énergétique et impératif écologique — une ambition que la Côte d’Ivoire semble désormais déterminée à concrétiser", a-t-on aussi fait savoir.



