La dépendance de la Côte d’Ivoire vis-à-vis des importations alimentaires continue de s’accentuer. Selon les données publiées par la Direction générale des douanes, le pays a consacré 2 161 milliards de francs CFA (3,81 milliards de dollars) à l’achat de produits alimentaires en 2024, confirmant son rang de deuxième importateur ouest-africain derrière le Nigeria. Cette hausse significative met en lumière les défis persistants liés à la sécurité alimentaire, à la production locale et aux fluctuations du marché international.
Comparé à l’année 2023, où la facture s’élevait à 1 964 milliards de francs CFA (3,47 milliards de dollars), le montant dépensé en 2024 représente une progression de 10 %. Dans le même temps, les volumes importés ont également grimpé de 12,7 %, atteignant un total de 5 millions de tonnes. Cette double augmentation, en valeur et en quantité, témoigne d’une demande intérieure toujours croissante, soutenue par la forte urbanisation, l’évolution des habitudes alimentaires et l’insuffisance de l’offre locale pour répondre pleinement à la consommation nationale.
Dans le détail, le riz demeure le premier poste de dépense du pays. En 2024, les importations de cette céréale essentielle ont atteint 1,61 million de tonnes, pour une valeur de 609,6 milliards de francs CFA (1,07 milliard de dollars). Ce seul produit représente à lui seul 28 % du total des importations alimentaires, confirmant la forte dépendance du pays à l’égard du marché mondial du riz, malgré les efforts engagés pour renforcer la production nationale. Juste derrière, les poissons frais constituent le deuxième poste de dépense. Les importations ont atteint 732 363 tonnes, pour un coût global de 518,5 milliards de francs CFA (915 millions de dollars). Le poisson, largement consommé par les ménages ivoiriens, reste un produit stratégique, mais la pêche locale peine à couvrir la demande, obligeant le pays à recourir massivement aux importations.
Le blé occupe la troisième place parmi les produits les plus importés, avec une facture de 134,9 milliards de francs CFA (238,3 millions de dollars) pour 733 282 tonnes achetées. La demande élevée, stimulée par la consommation de pain et de produits dérivés, contraste avec l’absence de production locale significative, le climat ivoirien n’étant pas favorable à la culture de cette céréale. D’autres produits viennent compléter le tableau, notamment les viandes, abats comestibles et boissons, dont les importations ont chacun approché la barre des 100 milliards de francs CFA (176,6 millions de dollars). Ces catégories illustrent non seulement la diversification croissante des habitudes alimentaires, mais aussi les limites de la production nationale dans certains segments clés.
Selon les observateurs, cette dynamique d’importations en hausse soulève plusieurs enjeux pour la Côte d’Ivoire. D’une part, elle expose le pays aux fluctuations des prix internationaux, pouvant affecter la stabilité économique et le pouvoir d’achat des ménages. D’autre part, elle met en évidence la nécessité de renforcer les filières locales de production, de stockage et de transformation afin de réduire progressivement la dépendance extérieure. Alors que le pays vise une plus grande autosuffisance alimentaire, les chiffres de 2024 rappellent l'urgence d'accélérer les investissements dans l'agriculture, la pêche et l'élevage, et d’améliorer l’efficacité des chaînes logistiques. Sans ces efforts, la facture des importations alimentaires pourrait continuer d’augmenter dans les années à venir.

