Le gouvernement ivoirien a adopté, le 3 décembre 2025, un décret officialisant la création de l’Organisation interprofessionnelle agricole (OIA) dédiée au secteur stratégique Café-Cacao. Cette décision vient couronner un long processus entamé en février 2024 et concrétisé lors de l’assemblée générale constitutive du 19 août 2025 à Yamoussoukro. À cette occasion, les représentants des principaux maillons de la chaîne de valeur – producteurs, transformateurs, exportateurs et autres acteurs professionnels – avaient uni leurs efforts pour doter la filière d’un organe de concertation et de régulation renforcé.
Selon le Conseil du Café-Cacao, cette reconnaissance gouvernementale constitue un levier essentiel pour moderniser et structurer davantage une filière qui contribue de manière décisive à l’économie ivoirienne. L’OIA Café-Cacao aura pour mission d’améliorer la coordination des enjeux liés à la production, à la qualité, à la traçabilité et à la durabilité. Elle jouera également un rôle clé dans le renforcement des mécanismes de formation, la facilitation des négociations commerciales et la mise en place d’outils mieux adaptés aux besoins des producteurs, qui restent le cœur battant de cette économie.
L’interprofession devient ainsi un acteur central dans la régulation de la filière, conformément à l’ordonnance n°2011-473 du 21 décembre 2011 qui encadre les Organisations Interprofessionnelles Agricoles en Côte d’Ivoire. Son établissement vise clairement à consolider les performances du café-cacao, tout en œuvrant à l’amélioration continue des revenus des producteurs, comme le souligne le communiqué du Conseil des ministres. Cette approche intégrée est perçue comme indispensable dans un contexte marqué par des exigences croissantes des marchés internationaux en matière de durabilité et de traçabilité.
Les enjeux économiques justifiant cette initiative sont considérables. D’après les données les plus récentes de la Direction générale des douanes, la Côte d’Ivoire a généré près de 4 354 milliards de francs CFA (soit 7,73 milliards de dollars) de recettes en 2024 grâce aux exportations de cacao et de ses dérivés, incluant la pâte, le beurre, la poudre ou encore le chocolat. Cette performance confirme la place incontournable du pays, premier producteur mondial de cacao, dans le commerce agricole international.
La filière cacao représente également une source majeure de revenus pour l’État. En 2024, elle s’est classée deuxième contributrice aux droits et taxes à l’exportation, juste derrière les produits pétroliers. Les recettes fiscales collectées sur les exportations de cacao et de cacao transformé se sont élevées à 462,2 milliards de francs CFA (821,2 millions de dollars), démontrant la forte valeur ajoutée générée par ce secteur. En offrant un cadre institutionnel plus structuré, la nouvelle OIA Café-Cacao devrait permettre d’améliorer la résilience, la compétitivité et la durabilité d’une filière indispensable au développement rural et à la stabilité économique du pays. Elle ouvre également la voie à une meilleure intégration des acteurs, condition essentielle pour répondre aux défis futurs et maintenir la Côte d’Ivoire au rang de leader mondial du cacao.

